L'hybridation

Une autre menace pèse sur les abeilles

« On crée des cocktails explosifs en important des abeilles du monde entier. »

Lionel Garnery

Chercheur au CNRS et spécialiste de la génétique des abeilles

APPAN - www.abeillenoire.bzh

L’autre facteur menaçant leur survie

En effet, au cours des 20 dernières années, des pratiques commerciales (avec d’importants moyens marketing) ont poussé les apiculteurs amateurs et professionnels à acheter et à travailler avec des souches exogènes (Buckfast, Caucasia, Ligustica, Carnica, etc…). Celles-ci, issues parfois de croisements de différentes souches, sont en effet beaucoup plus faciles à multiplier que l’Abeille Noire (Apis Mellifera Mellifera) qui existe localement depuis des milliers d’années.

Malheureusement ces souches exogènes ont contribué progressivement à affaiblir l’Abeille Noire native, avec le transfert progressif de leurs gènes non adaptés aux fortes spécificités de la pointe Bretagne (climat et flore), lors des phénomènes de fécondation des reines d’Abeille Noire.

L’hybridation par des souches exogènes a trois principales conséquences

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Premièrement, elles contribuent aux pertes conséquentes de colonies d’abeilles chaque année (environ 30% des colonies en France). De fait, ces souches exogènes sont inadaptées aux caractéristiques locales (spécificités du climat, de la flore, des cultures etc…). Elles participent à l’affaiblissement des colonies lorsqu’elles doivent faire face notamment à des conditions climatiques adverses. Des températures basses en pleine saison apicole ou des séries de plusieurs jours de mauvais temps sont fréquentes en Bretagne.

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Deuxièmement, un développement de l’agressivité des abeilles, du fait de l’introgression (mélange génétique), parfois dès la 2ème génération et en particulier en génération 3 et suivantes. Cette agressivité est liée également aux conditions climatiques, qui peuvent les rendre nerveuses toujours en raison de leur inadaptation au climat (permanence du vent notamment dans le Cap Sizun et le Pays Bigouden par exemple).

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Troisièmement, on constate enfin une forte baisse de production du miel. Là aussi du fait de l’introgression et de l’inadaptation génétique de ces souches exogènes au milieu climatique de la Pointe du Finistère (température, humidité importante et vents régulièrement présents et importants). A titre d’exemple les températures de ‘’sortie’’ de l’Abeille Noire native est splus basse (8°/10°) que celle d’autres souches comme la Buckfast (12°/14°).